Synthèse rapide (pour les plus pressés) :
La situation de l’éducation est difficile à tous les niveaux d’enseignement. Les derniers suicides ne font que confirmer la perte de sens et la surcharge de travail que subissent les personnels dans toute la France et particulièrement dans les quartiers difficiles où se rajoute la violence. Cette situation de l’éducation est similaire à d’autres services publics (hôpitaux, pompiers, policiers…).
Il apparaît donc important de travailler à faire converger la mobilisation en construisant des collectifs interprofessionnels de proximité (commune, département). Le développement de la mobilisation peut se faire par établissement si les taux de mobilisation sont importants (+ de 50% d’une école, d’un lycée…), mais elle doit également se faire autour de collectifs interprofessionnels (éducation, postes, pompiers…) surtout lorsque l’on se retrouve minoritaire dans un établissement (3 collègues grévistes dans un lycée par exemple) ; les collègues doivent pouvoir rejoindre des collectifs de taille suffisante pour faire des actions locales, se réunir. Pour s’informer localement des AG/ réunions si la plateforme locale existe : Démosphere île de France / Démosphère Toulouse,….)
Synthèse détaillée :
1- la situation dans l’éducation
Primaire :
La question des évaluations en primaire est une grave atteinte à la liberté pédagogique et elle infantilise les collègues. Elle consiste à appliquer des évaluations reçus par le ministère. L’enseignant doit lire strictement les consignes et faire respecter des temps de réponse prédéterminés. Le contenu de ses évaluations est parfois autant incompréhensible pour les élèves que pour les enseignants. Les enseignants doivent ensuite saisir les réponses sous forme informatique (travail de saisie pénible et chronophage).
Tout ça pour obtenir des évaluations individuelles à distribuer aux parents sous forme de graphiques totalement inutiles.
Les collègues sont surchargés par ce travail qui n’a aucun sens et aucune utilité pédagogique !
Secondaire :
Enseignement général :
La mise en place du BAC se fait dans l’improvisation et le flou le plus total. Les programmes à appliquer en SES sont devenus un « gloubi-boulga » néo-libéral en totale contradiction avec les valeurs personnelles de nombreux collègues. Tout passe par la notion de marché et de concurrence avec des outils mathématiques qui sont de moins en moins maitrisés par les élèves. Le niveau de math des élèves est amené à couler (absence de math en 1re pour de nombreux élèves. Le groupe classe est très affecté par la mise en place des spécialités qui mélangent plusieurs élèves de classes différentes.
Le problème qui cristallise beaucoup de mécontentement concerne la mise en place des E3C (épreuves communes de contrôle continu) qui doivent se dérouler à partir du mois de janvier. L’organisation s’annonce chaotique, on évoque l’obligation de faire numériser les copies par les enseignants et de les faire corriger sur écran. Au-delà de la volonté « techno-branché » du ministère, on voit bien la volonté d’empêcher la rétention des copies et des notes. Beaucoup de collègues évoquent les risques de fatigue de la correction sur écran et le fait qu’il n’y ait aucun moyen informatique mis à disposition en quantité suffisante pour les collègues !
La revendication de la suppression des E3C commence à monter dans les lycées.
Enseignement technologique :
Les contenus des programmes ont été vidés. Forte réduction des matières générales, ce qui entraine un abaissement du niveau et un sentiment d’abandon des collègues. Est-on en train de former des élèves pour qu’ils deviennent des futurs ouvriers obéissants et disciplinés ? Ils sont fortement pénalisés par Parcoursup qui leur offre peu de choix et peu de places…
REP, ZEP : Éducation prioritaire
Problèmes de violence à l’extérieur et à l’intérieur des lycées de plus en plus important qui vient s’ajouter à la mise en place d’une réforme socialement discriminante (stratégie de choix des options pour la poursuite d’études dès la seconde, PARCOURSUP).
Volonté de se mobiliser bien au-delà des retraites pour retrouver la liberté pédagogique et de ne plus subir des programmes et des contre-réformes destructrices ! Impression de perdre totalement la maitrise de son travail.
Supérieur :
Montée de la bureaucratie néolibérale avec le développement du financement par projet, la mise en place de Parcoursup, dernièrement la mise en place des contrats pédagogiques. Discrimination de plus en plus forte des économistes hétérodoxes au profit de l’hégémonie des économistes orthodoxes. Montée de la précarité à tous les niveaux (enseignants, personnels) et baisse dramatique des perspectives de recrutement de titulaires.
2- Organisation de la mobilisation
Primaire :
Dans les premiers signaux dans l’éducation, il semblerait que le mouvement sera massif dans le primaire car d’une part les conséquences seront tangibles (gestion de la garde des enfants par les parents) et d’autre part le calcul et l’analyse du SNUipp sur la baisse des pensions sont très clairs pour les instituteurs. Se pose la question de la reconduction de la grève et de ses conséquences financières. Réflexion à avoir très tôt sur la possibilité de négociation des jours de grèves remontées par la direction au rectorat.
Secondaire :
Certains lycées vont être très mobilisés (fort taux de grévistes) mais d’autres seront peu mobilisés (3 ou 4 collègues en grève). Beaucoup de collègues sont tiraillés sur le fait de reconduire la grève et sur le risque de prendre du retard dans le programme pour les E3C, d’où l’importance de revendiquer massivement l’annulation des E3C pour mobiliser les collègues (tout en insistant sur les injonctions paradoxales de la réforme). Les problèmes de transport en Île de France risquent d’isoler les collègues habitant loin de leur lycée. Il est important que les collègues rejoignent des collectifs interpro près de leur lieu d’habitation pour ne pas rester isoler et pour prendre part aux mobilisations en cours dans différents secteurs. Ce n’est pas un problème d’être minoritaire si cette minorité est agissante !
Au niveau des jours de grève, en fonction du rapport de force locale :
Négocier avec la direction la remontée des grévistes (en occupant son bureau toute la journée si nécessaire). On peut obtenir 20 % de remontées des jours de grève et/ou faire tourner les retenus sur salaire entre collègues.
En l’absence de négociation, faire des grèves perlées pour éviter que les week-ends soient comptabilisés.
Supérieur :
Les échecs de la mobilisation de Parcoursup montrent la nécessité de coordination (primaire, secondaire, supérieur) et l’importance des examens et des résultats d’examens pour le gouvernement. Importance de constituer des collectifs interpro pour ne pas être isolé. Les collègues titulaires mobilisés dans le supérieur risquent d’être largement minoritaires. Les précaires peuvent difficilement faire grève d’où l’importance de trouver des modalités moins pénalisantes financièrement (différentes modalités de grève administrative : 6 mois pour être payés, 6 mois pour rendre les copies…)
Conclusion
Même si par miracle la contre-réforme des retraites était retirée rapidement, cela ne règlerait pas la diminution des pensions en cours induite par les contre-réformes Fillon et les années de précarité. Cela ne réglerait pas les problèmes des contre-réformes Blanquer destructrices de l’égalité des chances, des libertés pédagogiques et des conditions de travail. Cela ne réglerait pas la montée de la précarité dans l’enseignement supérieur. Nécessité de monter en généralité dans la mobilisation quand à l’opposition aux 30 dernières années de montée du néo-libéralisme dans le monde. Nécessité de créer des solidarités interprofessionnelles pour défendre le service public. Pour info, grosse mobilisation dans les université britanniques, en indeégalement et en Amérique latine bien sur (Pourquoi 5 pays d’Amérique latine se soulèvent au même moment).
Le RAS LE BOL semble s’internationaliser…