La Coordination nationale de l’Éducation (1er et 2d degrés) a réuni ce dimanche 1er novembre par conférence téléphonique plus de 90 collègues (plus de 80 collègues en simultané) en provenance d’au moins 17 académies (Amiens, Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Dijon, Grenoble, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Poitiers, Rouen, Toulouse, Versailles), dont plusieurs responsables syndicaux départementaux ou académiques. Elle a été initiée ce samedi matin par l’AG Éducation Île-de-France, et de nombreux collègues étaient excusés en raison d’AG à distance dans leur école ou établissement.
Cette réunion s’est tenue à la veille d’une rentrée qui s’annonce totalement chaotique. À toutes les interrogations concernant l’application du protocole sanitaire « renforcé » s’ajoute l’ultime provocation du ministère Blanquer : la suppression des deux heures de concertation qui avaient été octroyées aux personnels pour préparer l’hommage à notre collègue Samuel Paty.
Face à cela, les personnels ne peuvent pas se résoudre à laisser faire cette indignité ! Partout, ils se sont réunis ces derniers jours à distance dans des AG souvent massives, ou prévoient de le faire dès demain.
À cette heure, le tableau collaboratif (https://frama.link/tableau2 novembre) lancé dimanche à midi par la Coordination nationale de l’Éducation recense déjà les remontées de 250 établissements partout en France !
Indignité du ministère !
La forme revêtue par l’hommage national à notre collègue, avec un cadrage national très contraignant, interrogeait déjà beaucoup les collègues. La réduction de l’hommage à une minute de silence et la lecture d’une lettre imposée à tous les élèves, de la maternelle au bac, est révélatrice de la conception autoritaire et vertical de l’enseignement selon Blanquer. De plus, les déclarations de Blanquer dans la presse selon lesquelles « nous n’accepterons pas que la minute de silence soit respectée » ne peut qu’inquiéter.
Mais la décision, vendredi 30 octobre à 17h, de supprimer les deux heures de concertation qui avaient été octroyées aux personnels pour permettre de se retrouver, d’échanger, de se réunir après les événements traumatisants que nous avons connus, constitue une ultime indignité, qui est révélatrice de ce que pense en réalité Jean-Michel Blanquer de la « liberté d’expression » et de la « liberté pédagogique ».
Cette décision, qui n’a que pour seul but d’empêcher les personnels de se réunir, s’inscrit dans la droite ligne de l’article 1 de la loi sur « l’école de la confiance », visant à bâillonner les personnels. C’est la suite logique de la vague de répression qui s’abat sur tous les personnels depuis décembre dernier, et dont nos 4 collègues de Melle sont le symbole, après avoir été suspendus 8 mois et convoqués en conseil de discpline pour leur grève contre les E3C.
La Coordination nationale de l’Éducation s’insurge contre cette ultime provocation. Comme les différents syndicats de l’Éducation nationale (SNES-FSU, SNUIPP-FSU, CGT Éduc’action, SUD Éducation, SNFOLC, Snudi-FO, Snalc) ainsi que de nombreuses intersyndicales académiques ou départementales, nous appelons les personnels à récupérer ces heures de concertation, y compris en débrayant grâce à son droit de grève ou son droit de retrait.
La Coordination nationale de l’Éducation dénonce la récupération de l’assassinat de notre collègue par le ministère Blanquer, ce même ministère qui avait mis plus d’une semaine à citer le nom de notre collègue Christine Renon et n’avait pas organisé de minute de silence pour elle.
Elle appelle à ne rien se laisser imposer dans l’exercice de sa liberté pédagogique. Elle appelle à adopter des motions (voir un modèle de motion adaptable ci-joint) pour rappeler que nous exercerons notre liberté pédagogique, et refuserons toute récupération du meurtre abominable de notre collègue.
Blanquer, désastre sanitaire !
À cette indignité consistant à priver les personnels du temps de réunion, de recueillement collectif dont ils avaient besoin, s’ajoute le mépris concernant leur sécurité sanitaire. Dans son discours du 25 octobre, le président Emmanuel Macron a fait état d’une situation sanitaire très alarmante, et annoncé un reconfinement du pays… mais en laissant les écoles, collèges et lycées ouverts. Il annonçait que cette continuité d’activité se ferait dans le cadre d’un « protocole sanitaire renforcé ».
Mais dans le même temps, rien n’a été investi pour permettre l’application d’un réel protocole sanitaire protecteur pour les personnels comme pour les élèves. Blanquer a beau répéter que « on se contamine davantage à l’extérieur qu’à l’école », les faits sont têtus : 33 % des clusters sont d’origine scolaire ou universitaire ; 42 % en Île-de-France, et 75 % à Paris !
Jeudi 29 octobre était publié le nouveau « protocole sanitaire renforcé » : en réalité, ce protocole n’est en rien nouveau. Comme l’a dit lui-même Blanquer, il ne s’agit que « l’accentuation » d’un protocole déjà très allégé mis en place depuis septembre, et qui a précisément conduit à la crise sanitaire que nous connaissons. Faisant une nouvelle volte-face par rapport aux scénarios qui avaient été prévus en juillet, le ministère refuse catégoriquement la mise en place de demi-groupes.
Il y avait pourtant le temps depuis cet été de se préparer correctement face à la deuxième vague inévitable, de recruter massivement des personnels de toutes catégories pour assurer la sécurité sanitaire et pour alléger les effectifs des classes (comme cela a été fait dans d’autres pays, notamment en Italie). Il y avait également le temps d’un plan d’investissement massif dans la Santé.
Le gouvernement n’a strictement rien préparé, et nous accule aujourd’hui à « choisir » entre un distanciel qui ne fonctionne pas et un présentiel qui ne correspond pas aux nécessités sanitaires au vu de la circulation très active du virus. Finalement ce sont les intérêts économiques qui prévalent contre la santé des personnels, des élèves et de leur famille, et in fine la santé publique.
Décisions de la coordination nationale de l’Éducation
La Coordination nationale de l’Éducation appelle CE LUNDI MATIN à :
- Se réunir dès lundi en AG avant le début des cours, heure syndicale, AG de grève, pour construire la mobilisation localement, et à faire remonter les décisions dans le tableur collaboratif : https://frama.link/tableau2 novembre
- Demander la banalisation du lundi entier
- Partout où le créneau déjà minimaliste de 8h à 10h n’est pas banalisé, reprendre soi-même le temps confisqué par le Ministère, par la grève ou le droit de retrait, comme y appellent les syndicats nationaux (SNES-FSU, SNUIPP-FSU, CGT Éduc’action, SUD Éducation, Snalc, SNFOLC, Snudi-FO) ainsi que de nombreuses intersyndicales départementales ou académiques.
- Là où le débrayage sera massif ce lundi, c’est le nombre qui nous protègera au mieux contre les velléités de l’administration de nous compter grévistes !
- Pour rappel, des préavis nationaux de grève couvrant tous les personnels de l’Éducation jusqu’au 22 décembre, et tous les personnels des collectivités territoriales jusqu’au 30 novembre, ont été déposés par les différents syndicats.
- Guide du droit de retrait produit par la Coordination nationale de l’Éducation en pièce jointe
- Dans le 1er degré en particulier : maintenir l’organisation déjà décidée pour lundi, se réunir en AG d’école ou de circonscription (le midi par exemple, éventuellement de manière dématérialisée), exercer son droit de grève si une intention préalable de grève nous couvre, ou exercer droit de retrait AVANT de prendre ses élèves.
- Convoquer des AG locales de l’Éducation (par ville, bassin, département, etc.) dès que possible
Concernant LE PROTOCOLE SANITAIRE ET NOTRE SÉCURITÉ AU TRAVAIL, la Coordination nationale de l’Éducation appelle à :
- S’emparer des Registres SST, des droits d’alerte Danger Grave et Imminent (à déposer individuellement dans le registre DGI et simultanément en saisissant les CHSCT départementaux ou académiques), jusqu’au droit de retrait.
- Profiter du temps dégagé pour rédiger collectivement des droits d’alerte DGI pour saisir le CHSCT pour permettre aux collègues d’exercer leur droit de retrait
- Discuter des revendications listées à la fin et établir ses revendications
Concernant LES ÉLÈVES, ET NOTAMMENT LES LYCÉENS, la Coordination nationale de l’Éducation appelle à :
- Refuser la dénonciation et répression des élèves qui n’auraient pas « spontanément » l’attitude attendue par l’institution, mais au contraire dialoguer et expliquer les raisons de l’hommage à notre collègue assassiné
- En cas de mouvement lycéen, notamment ce mardi, débrayer collectivement et sortir de l’établissement pour assurer une présence adulte et protéger nos élèves face à la répression policière ou administrative
La Coordination nationale de l’Éducation appelle LES SYNDICATS ET LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES à :
- Revendiquer désormais la démission de Blanquer et continuer le combat pour l’abrogation de ses réformes, plus inadaptées que jamais à la situation sanitaire
- Décider d’une grève nationale à brève échéance dans toute l’Éducation.
Pour rappel, il existait déjà avant les vacances des appels unitaires à la grève le vendredi 6 novembre dans le 77, ou le mardi 17 novembre dans le 93.
Nous appelons à une prochaine réunion téléphonée de coordination nationale de l’Éducation ce dimanche 8 novembre à 13h45.
Revendications urgentes
La Coordination nationale de l’Éducation dénonce la volte-face de Blanquer par rapport à ses propres protocoles prévus en juillet selon le niveau de circulation du virus, et qui prévoyaient des effectifs réduits, voire la fermeture complète des écoles et établissements. Elle revendique immédiatement :
- une ou plusieurs journées de préparation avant l’accueil des élèves, pour mettre en place un protocole sanitaire digne de ce nom
- le dédoublement des classes pour assurer la sécurité sanitaire et des conditions pédagogiques adaptées
- le refus du cumul présentiel / distanciel
- un plan d’urgence pour l’Éducation, mais aussi pour la Santé
- le recrutement urgent et massif d’enseignants pour alléger les effectifs des classes (à commencer par le recrutement urgent des candidats en liste complémentaire aux concours), et l’annulation des baisses de DHG et des cartes scolaires
- des embauches urgentes et massives de personnels de toutes catégories à la hauteur des besoins : agents d’entretien, AED, AESH, médecins et infirmiers scolaire, médecine de prévention, etc.
- du matériel de protection en quantité suffisante : masques chirurgicaux gratuits pour les personnels et les élèves, masques FFP2 pour les personnels le demandant ou vivant avec des personnes vulnérables, gel hydroalcoolique, lingettes virucides, purificateurs d’air comme promis en région Auvergne-Rhône-Alpes…
- une gestion stricte et transparente des cas de Covid, avec une politique de tests massifs
- la suspension et l’abrogation du jour de carence
- le respect des ASA et une liste de critères de vulnérabilités étendue
- la reconnaissance du Covid comme maladie professionnelle
- l’allègement des programmes et le report des examens pour les classes à examens (« EC » dès janvier en 1re, épreuves du Bac dès mars en Terminale…)
- l’abrogation des réformes Blanquer, plus inadaptées que jamais à la situation sanitaire.
Nous attirons enfin l’attention sur les conditions spécifiques des écoles maternelles des cours d’EPS (où les élèves ne sont pas masqués, où les personnels doivent bénéficier de masques FFP2), ainsi que sur la spécificité des lycées professionnels et des cours en atelier.
Prochaine réunion téléphonée de coordination nationale de l’Éducation ce dimanche 8 novembre à 13h45.